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Jacques PATIN
(Paris, 10 avril 1532 – Paris, 28 mai 1587)
aître peintre bourgeois de Paris, fils de Jean II Patin, ami de François Clouet, Jacques Patin naquit à Paris, le 10 avril 1532. Il habitait d’abord la même rue que le portraitiste du roi, Sainte-Avoye, puis rue Neuve-Saint-Merri (depuis au moins 1559). Membre de la corporation parisienne, Jacques Patin fut, le 19 octobre 1562, élu juré, « au lieu de François Perier et Jehan de Breul » avec 14 voix. Il quitta cette charge en octobre 1576. En tant qu’aîné de la famille, c'est lui qui assura l’apprentissage de ses frères, Guillaume et Jean : en 1555, il prit ainsi dans son atelier pour trois ans Guillaume, âgé alors de quinze ans.
   En février 1556, il peignit deux enseignes et un guidon pour Antoine Montat, marchand de Clermont-Ferrand, puis, en avril 1559, il s’engagea à décorer, pour Pierre Fraguier, sieur de Vauhallan, conseiller du roi et maître ordinaire de sa Chambre des comptes à Paris, « la voute d’une chappelle qui sera paincte par dedans en facon de crotesque, ensemble une gallerie joignant lad. chappelle [...] le tout estant des apartenances de la maison et lieu aud. sieur de Vauhallan apartenant, appellé la Cage du milieu ». Le travail devait être terminé en six semaines et le prix estimé par gens experts.
   En juillet 1559, François Clouet, chargé d’organiser les funérailles de Henri II, s’associa avec Guyon Ledoux et Jaques Patin, qui promettaient de peindre les armoiries et les écussons « pour applicquer sue les velours tant du cueur des eglises que nef et le partout des grands hostelz, chapelle ardente, sceingure et autres lieulx qu’il plaira commander audict Clouet ». Clouet s’engagea à associer les deux artistes à gain et à perte pour tous les deniers qu’il recevra pour ces ouvrages. Huit ans plus tard, Patin fut employé à la décoration du Louvre sous la direction de Pierre Lescot. En 1568, les travaux « à luy ordonnés, en 1567, par le sire de Clagny » lui apportent 371 livres 2 sols tournois. Il fut chargé ensuite de la décoration des plafonds et des cheminées de l’hôtel de Boisy (1570). Dans une procuration datée du 14 novembre 1572, il est dit « maistre peintre et bourgeois de Paris », habitant « sur le territoire de St Germain l’Auxerrois ». Cette même année, Clouet lui prêta une somme de 300 livres tournois en demi-impériales d’or et autres monnaies, remboursable dans les trois semaines. A défaut de paiement à terme échu, Jacques Patin s’engageait à constituer à son créancier une rente annuelle et rachetable de 25 livres tournois.
   Dès 1574 Patin entra au service du roi en tant que remplaçant de Guillaume Bouteloup, alors que Jean Decourt reprenait la place de François Clouet. Occupant la même charge que Bouteloup, il percevait le même salaire que son prédécesseur, à savoir 70 l. t., qui fut ensuite augmenté à 100 l. t. (33 écus). Il ne semble pourtant pas reprendre l’activité de portraitiste de Bouteloup et resta surtout décorateur. Courant 1577, il s’occupa des décorations de l’église Saint-Pierre de Poitiers « pour servir aux cérémonies des chevaliers de l’Ordre » la veille et le jour de la Saint-Michel. L’année suivante, il exécuta d’autres tableaux du même genre pour le château de Fontainebleau, en association avec son frère Jean. Le 23 juillet 1580, la Prévôté de l’Hôtel condamna Claude Lionne, receveur des finances du duc de Guise, à lui payer une somme de 1113 livres 3 écus, réduite et évaluée à 371 écus soleil, et encore 3 écus pour une douzaine d’armoiries fournies pour huit torches, la commande étant passée le 21 novembre 1579. La décision fut prononcée à « Saint-Maur-des-Fossez, le roi y estant ». De même, en 1584, Patin réclama à Jérôme de Gondi, gentilhomme ordinaire de la chambre du roi, l’argent dû « pour les ouvrages qu’il a faits en l’hôtel de Gondi » à Saint-Germain-des-Prés. L’année d’après il s’engagea à peindre pour l’église de Saint-Cloud six tableaux représentant la vie de saint Cloud. Trop âgé ou trop occupé, Patin ne fit qu’un seul tableau, confiant les cinq autres à Remi Lemyne, maître peintre rue Saint-Germain-l’Auxerrois, mais ne lui payant que 45 écus soleil au lieu des 75 écus promis par Louis Broqueville, un des chanoines du chapitre.
   En 1581, Jacques Patin fut chargé de la mise en scène du ballet donné le 24 septembre à l’occasion des noces du duc de Joyeuse avec Marguerite de Lorraine, dont la musique fut écrite par Balthazar de Beaujoyeux. Il dessina et grava, sur ordre de la reine, vingt-sept sujets pour la partition du ballet, publiée l’année suivante. Dans la préface, le musicien rendait hommage à son collaborateur : « au regard des peintures, j’employay, par commandement de la Royne, maître Jacques Patin, peintre du Roy, qui s’est aussi heureusement acquitté de ceste charge qu’autre peintre de ce royaume eust sceu faire, ayant esté la besongne, bien que difficile, rendu en peu de jours, selon la nécessité précise que nous en avoins.[1] »
   En 1584, en tant que peintre ordinaire du roi et de la reine, il accepta, stipulant pour le roi absent, le marché conclu entre les peintres parisiens pour les travaux de décoration du monastère du bois de Vincennes : Jean Marteau et Nicolas Fouquet, maîtres peintres, Jean de Broyce, Justin Corbon et Jean Geoffroy s’engageaient à décorer le cloître et le chapitre ; Mathurin Testart, Quentin Demeliers, Jean Tabouret et Girard Delasalle, assuraient la peinture des logis ; Quantin Desmesliers, Jean Tabouret et Girard Delasalle promettaient ensuite de peindre le dortoir du couvent des Bonshommes de Vincennes.
   De sa première femme, Marguerite Pennichot ou Penichot (fille de Génitour Pennichot, dit de Tours, bourgeois de Paris et de Michelle Lagnenet), qu’il épousa par contrat du 6 mai 1555, Jacques Patin eut sept enfants[2], dont deux seulement – Geneviève et Charles – ont atteint l’âge adulte. Marguerite Pennichot mourut en 1584, après avoir testé le 23 septembre. De cet acte on apprend que les Patin habitaient rue Saint-Honoré, paroisse Saint-Eustache, et avaient deux apprentis – Noël Goguier et Innocent Tabouret – et une servante, Marie. En octobre de la même année, Jacques Patin, « peintre ordinaire du roi et de la reine, tant en son nom que comme tuteur et curateur de ses enfants mineurs », loua pour cinq ans à Jean Bertrand, marchand de vin, une maison au faubourg Saint-Jacques, à l’enseigne des Cinq pucelles, moyennant un loyer annuel de 50 écus soleil (la signature de Patin figure au bas de ce document). Il possédait également une maison et un vignoble à Charonne et un autre vignoble à Saint-Cloud.
   Geneviève Patin épousa, par contrat du 28 mars 1586, Jacques Blondel, marchand maître apothicaire et épicier. Patin la dota richement : elle apporta à son époux 2500 écus pour ses droits à la succession de sa mère et un logement gratuit avec boutique pour six ans dans une maison de son père, rue Saint-Honoré.
   Jacques Patin mourut en 1587 : le jeudi 28 mai il fut inhumé au cimetière des Saints Innocents. La seconde épouse de Patin, Claude Cornu, vivait encore en 1604, car elle était marraine, cette année-là, du fils d’un peintre parisien nommé François Bonnier.
[1] Balet comique de la Royne, faict aux nopces de monsieru le duc de Joyeuse et madamoyselle de Vaudemont, sa soeur, par Baltasar de Beaujoyeulx, valet de chambre du roy et de la royne sa mère, A Paris, par A. le Roy, R. Ballard et M. Patisson, imprimeurs du Roy, 1582.
[2] Georges (né le 5 juillet 1556 il eut pour parrain François Clouet), Madeleine (née le 23 juillet 1557), Marie (née le 21 septembre 1559), Geneviève ou Jeanne (née le 18 avril 1568), Charles (né le 8 avril 1569), Étienette (née le 13 juin 1572), Claude (née le 9 mars 1577) et Henri (née le 8 juin 1579).