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Jean DECOURT (DE COURT)
(Limoges (?), vers 1530 – Paris, 1584)
l semble peu probable que le portraitiste Jean Decourt soit le frère de Jean Court dit Vigier, émailleur à Limoges, et le fils d’un orfèvre limosin Jean Court, cité en 1509. En revanche, il fut peut-être apparenté à un certain Jacques Court, peinture parisien, qui, en 1552, reçut 13 l. 16 s. t. pour ses « peines et sallaires d’avoir fait les portraictz et ordonnances des ouvrages qui ont esté faictz sur les selles et harnoys des grands chevaulx ».
La première mention de Decourt remonte de son nom à 1553 : le jeune artiste portait alors le titre prestigieux de « painctre de Monseigneur le prince de la Rochesurion suyvant la court », était installé à Paris et suffisamment établi pour prendre pour deux ans en apprentissage André Boullier, fils de feu Aymond Boullier, couturier de Laon, et de Michelette Sanaton, à présent épouse de Mathurin Breuille, « marchant libraire demourant à Sainct Germain des Prez » :

 
« Mathurin Breuille, marchant libraire demourant à Sainct Germain des Prez lez Paris et Michelette Sanaton sa femme [...] confessant pour le prouffict faire de André Boullier, fils myneur d’ans de feu Aymond Boullier, en son vivant cousturier demourant en la ville de Laon, et de ladite Sanaton jadis sa femme, l’avoir baillé et mis en aprentilz dujourdhuy jusques à deux ans prochains après ensuyvanz finis et accompliz, à et avec Jehan de Court painctre de Monseigneur le prince de la Rochesurion suyvant la court, à ce présent, qui a prins et prent led. André Boullier à son service et aprentilz, auquel pendant led. temps il a promis… et promect monstrer et enseigner sond. estat de painctre et tout ce dont il se mesle et entremect en icelluy, le nourrir et coucher [...] et l’entretenir de toutes ses nécessitez… sans ce que pour raison dudict aprentissaige lesdicts bailleurs soient tenuz luy bailler et paier aucune somme [...] à ce faire [...] fut présent led. apprentilz aagé de dix-sept ans ou environ [...] qui promect apprendre ledict estat de painctre, servir son maistre bien et layamment [...] sans soy deffuyr [...] auqyel cas de deffuitte lesd. bailleurs le promectent quérir et sercher en la ville et banlieue de Paris et le ramener.
Fait et passé double l’an 1553 le jeudi 5
e jour de mars.
                           Signé :            L
E CAMUS      LAMYRAL. »
      Decourt devint ensuite peintre ordinaire de Marie Stuart : il est ainsi désigné dans la sentence des Requêtes du Palais du 23 avril 1562, condamnant René Pin, trésorier à Paris, à payer à l’artiste la somme de 147 écus, montant d’une cédule datée du 23 janvier 1558. Son nom apparaît en effet parmi les valets de chambre dans l’état de la maison de la reine d’Écosse pour les années 1566 et 1567 envoyé en France pour être payé sur les revenus de son douaire – il percevait alors 240 l. t. –, puis en 1573, avec 160 l. t. seulement. D’après deux lettres heureusement préservées que Decourt envoya à William Cecil le 10 juillet 1570 et le 11 février 1571, il semble avoir fait un voyage en Angleterre en 1565. Il assure avoir chargé un certain Roulet, secrétaire de Marie Stuart, de remettre à Cecil un tableau représentant Charles IX « comme il estoit il ya un an et demi », en espérant la permission de venir faire son service à la reine d’Écosse et de présenter personnellement à Élisabeth le portrait qu’il tira d’elle lors de son précédent séjour, même si celui-ci n’était plus « ressemblant ».
      Dans ses missives, Decourt se présentait comme peintre de Charles IX, et son nom figure en effet dans les comptes de 1571 avec 100 l. t. de gages. C’est lui qui fut choisi pour remplacer Clouet. Le 12 décembre 1572, peu après la mort de Janet, il reçut ainsi un don de 250 l. t. :

 
« A Jehan de Court, vallet de chambre et painctre ordinaire dudict seigneur, la somme de deux cens cinquante livres en testons de 12 sols 6 deniers, dont ledict sr luy a faict don en considération des services qu’il luy faict journellement en ses estats et pour luy donner meilleur moyen de continuer et s’y entretenir. »
       En 1574, il prit officiellement la place de portraitiste officiel, laissant la sienne à son fils Charles, tandis que Jacques Patin remplaçait Bouteloup :
 
« A Jehan de Court, au lieu de François Clouet, la somme de 240 livres tournois pour ses gages durant la dite année 1574.
A Jacques Patin, au lieu de Guillaume Bouttelot, la somme de 70 livres pour ses gages durant la dite année 1574
A Charles de Court, au lieu de Jehan de Court, son père, la somme de cent livres pour ses gages durant la dite année 1574. »
      On le retrouve ensuite dans les comptes de 1576-1578, recevant 240 l. t. :    
Estat des pensionnaires du roy en son Espargne, 1578, faict et mis au net sur celluy de l’année 1576, avec les augmentations depuis y mises.
 
[...] Artizans
Bernard Lymozin, esmailleur, pour sa vieille pension L livres et depuis CX livres d’augmentation

Me Esloy Le Mannier, painctre et vallet de chambre du Roy

Du Moutier, aussy painctre

Benjamyn Foullon, painctre, nepveu de feu M
e Jannet, de son vivant aussi painctre
M
e Jehan de Court, aussi painctre de Sa Majesté, tant pour luy sa vie durant que pour son filz, aussi painctre, retenu par sa Magesté à survivance
Roger de Rugiery, painctre de sa d. magté à Fontainebleau, garde et gouverneur du Grand jardin du d. Fontainebleau au lieu et place de Primadecy, pour sa vieille pension IIII
c et IIc livres d’augmentation
Camilli de Liabati [Giulio Comillo dell’Abate], painctre et superintendant des painctures aud. Fontainebleau

Jacomo Romano, painctre ordre de sa d. Magesté, aussi une penstion de M livres. »

VIII
xx livres
III
c livres
IVc livres
IVc livres

XIIxx livres

VIc livres
IIIIc livres
      Il apparaît ensuite dans les comptes de 1580 et pour la dernière fois en 1584, toujours avec 240 l. t. seulement. Il mourut probablement en 1585.
      Aucune œuvre ne peut être attribuée à Decourt avec certitude, malgré la renommée de l’artiste et même si plusieurs portraits sont cités dans les textes : la miniature de Charles IX (1569) et l’effigie de Catherine de Médicis (1565), l’image de Henri de France posée sur le lit de mort de Charles IX et une peinture (« dessus de la toile ») de la belle Châteauneuf chantée par Philippe Desportes en 1573
 :
« Tu t’abuses, de Cour, pendant représenter
Du Chasteauneuf d’Amour la déesse immortelle.
Le Ciel, peintre sçavant, l’a portraite si belle
Que son divin tableau ne se peut imiter.
[...] Laisse au grand Dieu d’amour ce labeur téméraire,
Qui d’un trait puor pinceau le scaura mieux portraire
Non dessus de la toile, ains dans le cœur des dieux. »
      Les dessins et peintures données par Dimier à Decourt sont trop disparates, et le rapprochement parfois suggéré avec le maître IDC ou l’émailleur Jehan Court Vigier trop artificiel. En revanche, les dates de travail, le talent, l’importance de la position et la proximité avec Clouet font croire que Decourt est cet Anonyme Lécurieux défini par Dimier à partir d’un groupe de crayons conservés à la Bibliothèque nationale de France.