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Pierre GOURDELLE (GOURDEL)
(Paris (?), vers 1544 – Paris, vers 1590)
a filiation et les origines de Pierre Gourdelle, peintre et graveur, restent obscures. Joseph-Hippolyte Roman, l’auteur de l’unique étude sur Pierre Gourdelle publiée en 1888, le rapprocha d’un certain « maistre Pierre Goudet, Parisien », auteur, selon l’« Avis au lecteur », des dessins illustrant l’Histoire de la nature des oiseaux, de Pierre Belon, publiée chez Gilles Corrozet en 1555[1]. S’il s’agit de Gourdelle, sa naissance doit être placée à peu près en 1530, car on n’eût pas eu recours à un homme de moins de vingt-cinq ans pour ce travail. Or, l’essentiel des renseignements que l’on possède sur cet artiste, ainsi que les œuvres qui peuvent lui être attribuées, ne remontent pas avant 1574. Sa signature, « PAINT PAR P•GOVRDELLE / 1574 », figure ainsi au bas d’un portrait de Thomas Gayant, président aux Enquêtes, et annoté : « MESSIRE THOMAS GAYANT CONSEILLER DU ROY EN SON CONSEIL PRIVE ET EN SA COUR DE PARLEMENT : PRESIDENT ÈS ENQUETES DICELLE SEIGNEUR DE VARATE ET DE LA DOUCHETIERE / EN LAN DE SÕ AAGE / XLII. » La localisation actuelle de ce tableau, conservé en 1888 dans la collection du baron Cerise, est inconnue.
    C’est probablement cette même année qu’il entra au service de Catherine de Médicis, mais les états de la maison de la reine mère pour cette période ne sont pas conservés. En tout cas, il portait le titre de « peintre et vallet de chambre de la royne mère du roy » en 1580, lorsqu’il épousa, par contrat du 19 septembre, l'une des filles d’Antoine Caron, Suzanne. Son nom figure ensuite dans les comptes royaux de 1583 à 1587. En 1583 il est mentionné dans l’état de maison de Catherine avec 400 l. t. de traitements et dans l’
Estat des officiers domestiques du Roy avec 379 l. t. :
 
« A Pierre Gourdel, painctre, la somme de six vingt six escus, vingt sols tournois, à luy ordonnée par ledict estat, cy devant rendu, pour ses gaiges par luy desservis durant l’année de ce présent compte, de laquelle somme ne luy a esté payé aucune chose par ce dict présent trésorier et comptable, à faulte de fons et assignation et aussy que la recepte de ce présent compte ne la peult porter, pour cecy [néant]. »
   Mais bien que son nom figure sur les états du roi, Gourdelle travaillait uniquement pour la reine mère, qui, sa situation financière étant souvent délicate, faisait parfois payer ses officiers par le trésorier royal. Aussi c’est toujours avec le titre de « paintre et vallet de chambre ordinaire de la Royne mère » qu’il apparaît dans un acte de la donation mutuelle par les époux Gourdelle de l’usufruit de leurs biens réciproques, passé le 4 mai 1585, et au bas duquel est sa signature. On y apprend par ailleurs qu’il habitait rue du Monceau-Saint-Gervais, sur la paroisse du même nom.    Il est mentionné ensuite dans le compte de la maison de Catherine de Médicis de 1587 (« paintres [...] Pierre Gourdel VI
xx xiij écus ») et dans l’arrêt du Parlement de Paris concernant la succession de la reine de 1601, lorsque sa veuve reçut enfin les cent trente-trois écus un tiers (400 l. t.), gages de son mari pour l’année 1588.
   Gourdelle était catholique et ligueur : dans la série de portraits gravés dite des Ligueurs qui porte la mention des presses de Gourdelle (« P. Gourdelle excudit ») et comprend notamment le duc de Lorraine, le duc de Guise, le cardinal de Guise, Alexandre Farnèse et le pape Sixte V, les vers qui accompagnent les portraits des principaux personnages sont remplis de « souhaits en faveur de la belle, de la Sainte Union », de regrets sur la situation de « l’Église souffrante », d’éloges pour ses défenseurs et de désirs de voir l’hérésie vaincue. On possède vingt-cinq portraits de la maison de France et des principaux soutiens de la Ligue édités par Gourdelle et gravés probablement d’après ses propres dessins par Jacques Granthomme et Alexandre Vallée, mais aussi par ses beaux-frères Léonard Gaultier et Thomas de Leu. Après la mort de Gourdelle vers 1590, son épouse reprit l’imprimerie : le portrait de Jeanne d’Albret de 1596 porte ainsi la note « La veufve Gourdelle exc. ».
Signature
[1] « Veu qu’il n’y a description, ne portrait d’oyseau, en tout cest œuvre, qui ne soit en nature et qui n’ait esté devant les yeux des peintres : desquels aucuns nous y ont aidé en Italie, Angleterre et Flandres. mais entre les autres ne voulants céler les noms de ceux qui nous y ont le plus servy, avons usé de l’artifice de maistre Pierre Goudet, Parisien, peintre vrayment ingénieux » (Pierre Belon, L’Histoire de la nature des oyseaux, avec leurs descriptions et naïfs portraicts retirez au naturel escrite en sept livres, Paris, G. Corrozet, 1555).