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Matteo dal NASSARO (NAZZARO, ALNASSAR)
(† vers 1547)
rtiste polyvalent – orfèvre, joaillier, graveur de monnaies, médailles, pierres dures et estampes – originaire de Vérone, Matteo dal Nassaro fut le fils de Jacopo dal Nassaro et l’élève de Galeazzo Mondella et de Niccolò Avanzi. Il travailla d’abord pour Isabelle d’Este, avant d’entrer, en 1515, au service du roi de France qui lui accorda une pension annuelle. Il œuvrait également pour les princes de la cour et installa en 1531 sur la Seine un atelier de polissage des pierres dures, le premier de ce genre en France. Selon Vasari, il « n’y avait presque personne qui ne possédât de ses œuvres : c’était alors la grande mode de porter des camées et autres bijoux de cette sorte au cou et sur les bonnets ».
   En 1515, il grava en intaille une calcédoine représentant François I
er en empereur, œuvre célèbre au point d’être mentionnée par Vasari. Il était également graveur de médailles, comme le prouve sa médaille du roi François, commémorant la bataille de Marignan, et qui reprend la même représentation du roi que l'intaille (BnF, département des Monnaies, médailles et antiques).
   Nassaro retourna à Vérone mais il fut bientôt rappelé en France par le roi qui le nomma « graveur du roi » en 1529 à 300 écus d’appointements annuels, puis « paintre, graveur et varlet de chambre du roi » en 1538-1539, et, selon Vasari, directeur de la Monnaie royale. Le 13 octobre 1529 il fut payé 112 livres 15 sous tournois, dont 10 livres 5 sous « pour l’or qu’il a mis et employé en une médaille qu’il a frappée du coin desdits testons » :
 
« A Me Mathée d’Alnassar, de Veronne, 112 l. 15 s. t., sçavoir : 102 l. 10 s. pour les limes, marteaulx, poinçons et autres estoffes propres qu’il luy a convenu avoir et achepter à ses despens pour faire et graver les coings des monnayes et testons dud. seigneur, et 10 l. 5 s. t. pour lorsqu’il a mis et amployé en une médaille qu’il a frappée du coing desd. testons par le commandement dud. seigneur, laquelle il a mise et livrée ès mains dud. seigneur pour en faire à son plaisir. »
   Cet essai de teston est aujourd’hui conservé à la Bibliothèque nationale de France. La même année il reçut du roi un don exceptionnel de six cents écus d’or :
 
« A Me Mathée d’Alnassar, de Veronne, graveur dud. seigneur, 600 esc. d’or sol. auquel led. seigneur en a faict don pour les bons services qu’il luy a faictz et aussy pour luy ayder et subvenir à l’entretenement de ses petis enffans qu’il a en Ytallie, oultre les 300 estc. d’or sol. qu’il prend chacun an, par forme de pention, sur les deniers de ses menus plaisirs et autres dons et bienfaictz qu’il peult cy devant avoir, cy après pour semblable cause, à compte 70 esc. sol. 4 décembre 1529, cy     102 liv. 10 s.»
   Le reste de la somme lui fut payé en trois fois : deux paiements de 102 livres 10 sous en décembre et 307 livres 10 sous le 31 août 1530. On ignore s’il reçut les 180 écus restants.
   En 1541, il exécuta une médaille commémorant le traité de Nice signé par François I
er et Charles Quint en 1538, avec un portrait du roi et, au revers, le roi couronné de lauriers par Mars et la Victoire (composition empruntée par Nassaro à la médaille d’Alphonse d’Aragon créée par Cristoforo di Geremia). Il fit également pour le roi plusieurs bijoux, dont une enseigne de chapeau en calcédoine décrite par Vasari et représentant Déjanire.
   En 1521 il fut payé « pour les pourtraictz de 92 histoires de bergerye prinse sur les Bucoliques de Virgile à 40 s. pièce », alors que l’autre artiste italien, Bartolomeo Ghetti fournit des cartons. La série des tapisseries des
Bucoliques de Virgile fut exécutée la même année pour la reine Claude. En 1534, François I
er chargea Nassaro de préparer des cartons pour les tapisseries des Histoires d’Actéon et Orphée et l’envoya à Bruxelles pour superviser le tissage. Au cours de ces voyages, il acquit également des peintures flamandes pour la collection du roi.
   A cette date, Nassaro se livrait également au commerce d’art. Il expédia ainsi des tableaux flamands à Mantoue et aussi à François I
er. Le rapport de Vasari relatif à l’arrivée de Nassaro à la cour donne le détail de plusieurs de ces activités :
 
« Il se rendit en France où il apporta avec lui beaucoup de ses œuvres destinées à l’introduire à la cour du roi François Ier. Il fut présenté à ce seigneur, toujours plein d’estime pour les hommes de valeur, quelle que fût leur activité. Il acquit un bon nombre de pierres gravées par Matteo, prit ce dernier à son service et lui fit verser une bonne pension. Il ne le chérissait pas moins pour ses dons merveilleux de joueur de luth et de musicien que pour son métier de graveur de pierres fines. »
   Vasari décrit ensuite un relief d’or et de pierres précieuses que Matteo avait réalisé pour l’autel portatif du roi. Il n’existe pas d’autre trace de cet objet précieux.
   La dernière mention du nom de Nassaro dans les comptes remonte à 1549 : il est cité dans l’
Estat des pensions, gaiges, entretenemens que le Roy a ordonné estre paiées sur les deniers de son Espargne pour l’année commençant ce premier jour de janvier mil cinq cens qarante huict et finissant le dernier jour de décembre M V
c quarante neuf, parmi les Artisans et avec 600 livres de traitement. Il mourut peu de temps après. Sa veuve, Alix de La Pierre donna, le 12 juin 1549, gage à Nicolas Picart, trésorier des Bâtiments du Roi, à qui son mari devait 500 l. t., « la quantité de cent unze planches de cuyvre gravées et taillées tant aux burins que en eaue forte servans à imprimer portraictures ». Dans le même acte Nassaro est dit « en son vivant graveur et lapidaire ».