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Germain LE MANNIER (LE MAUNIER, LE MAYNIER)
(actif entre 1537 et 1560)
n ignore tout des origines et de l'apprentissage de Germain Le Mannier, mais c’est vraisemblablement lui qui est cité, sous le nom erroné de Germain Musnier, dans les comptes des bâtiments du roi de 1537-1540. Il fut d’abord employé aux « ouvrages de peinture et stucq à Fontainebleau » et payé à raison de 13 livres tournois par mois. Dans le compte suivant, allant de 1540 à 1550, réjoint par son frère Eloy, il s’occupait aux mêmes peintures, mais touchait 15 livres. Le Mannier travaillait, entre autres, à la « painture de deux huissets de menuiserie pour le cabinet du Roy, à l’un desquels il y’ a une figure de Tanpérance et à l’autre une figure de Tanpérance et autres enrichissements de blanc et noir », et, avec un certain Barthélemy Dyminiato, « sur les ouvrages de menuiserie des fermetures des aulmoires du cabinet du roy, en chacun desquels quatre tableaux, ils ont fait une grande figure, et par bas une petite histoire de blanc et noir, et autres enrichissements ».
   En janvier 1547 le dauphin Henri (futur Henri II), reconnaissant « les services qu’il m’a faicts ou faict de son mestier » le nomma peintre de son fils aîné François et des enfants de France qui possédaient leur propre maison, bien qu’on ne sait dans quelles circonstances le roi et la reine pussent découvrir ses talents de portraitiste, ni même quand et où Le Mannier apprit la technique de crayon. Il fut chargé par le roi et la reine de faire les portraits des princes et princesses qui remplaçaient, pour les parents inquiets, les bulletins de santé écrits. Le peintre se chargea parfois de les apporter lui-même au roi. D’après les lettres conservées de la reine, on compte, entre 1547 et 1555, plusieurs campagnes, mais seulement cinq portraits ont survécu.
   Le roi demanda à Jean de Humières, gouverneur du dauphin, de donner à Le Mannier « ung estat d’huissier de chambre, ou quelque autre, quel qu’il soit, en la maison de mes dicts enffans ». Catherine, dans sa lettre du 17 juin 1548, précise, que « le Roy a donné à ce porteur, maistre Germain, ung estat de vallet de chambre de mon filz ; je vous prie l’avoir pour recommandé en cela et faire pour luy tout ce que pourrez ; car je voy qu’il mect bonne paine à nous contenter, le Roy et moy ». C’est en cette qualité qu’il inspecte, en décembre 1548 et par ordre de Philibert de L’Orme, les travaux du « blanchissaige faict de chaulx et colle en la chapelle » du château de Saint-Germain-en-Laye. Toutefois, sur les états des officiers des Messeigneurs et des Mesdames, établis en 1551, il figure en tête des « gens de métier » avec une mention : « painctre, qui servira d’huissier de salle » et des gages de cent livres tournois. Ce n’est qu’en 1558 qu’il fut nommé valet de chambre, remplaçant un certain Rostaing. Mais il ne porta ce titre qu’une année, car dans les copies des comptes réalisées au XVIII
e siècle la mention « hors en 1559 » accompagne son nom, François II ayant désormais François Clouet comme peintre officiel. Cette année il passa au rang des « pensionnaires » avec 120 l. t. d’appointements – son salaire depuis au moins deux ans – qu’il toucha également l’année suivante en tant que « pensionnaire qui estoit en l’estat du Roy avant son advenement à la couronne » : « A M. Germain Le Manier, pensionnaire en la maison du feu roy 60 liv. » Il mourut probablement peu après.
   Le dauphin l’aimait beaucoup. A l’occasion du mariage de Le Mannier en 1551 (on ignore le nom de son épouse), il lui fit cadeau d’une somme de 36 livres 16 sols pour « ung habillement, cy une cappe, saye et chausses ». Il paya également les musiciens qui ont joué au mariage. Peu de temps après, le prince offrit à son serviteur un cheval de son écurie, « un courtault nommé Le haire ». Pareil cadeau échut à son secrétaire, Longchamp, pourvu, lui, d’une hacquenée, tandis qu’Élisabeth en donnait une à sa gouvernante et Marie Stuart une autre « à son barbier ».
   Comme François Clouet, Le Mannier fut, outre ses devoirs de portraitiste, employé à divers travaux de peinture. En 1551 il peignit « dedans et dehors une petite coche » et « quatre douzaines et demye escussons de pappier » aux armes du dauphin « pour servir aux torches le jour de la Feste Dieu ». Le Mannier s’occupa également des jeux, bals et déguisements, fréquents à cette petite cour. Avec l’aide de son frère Éloy, du menuisier Frérot et du tapissier Tronne, il fit des masques, des costumes et décora la salle.
   Un certain Charles Le Mannier figure sur l’« Estat du paiement des officiers du Roy pour l’année commencée le 1
er janvier 1572 et à continuer à ce que ledict sieur aict faict aultre nouvel estat » parmi les « pensionnaires, tant anciens que nouveaux ». Il n’apparaît dans aucun autre document.