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François QUESNEL
(Edimbourg, 1543/1544 – Paris, 1619)
ien que les Quesnel aient prétendu descendre d’une famille écossaise d'ancienne noblesse, il semble plutôt que leurs origines étaient françaises et plus modestes. François fut le fils aîné et très probablement élève de Pierre Quesnel († après 1574). Ses deux frères, Nicolas et Jacques (peintre d’histoire et de sujets allégoriques, † 1629), et un de ses beaux-frères, Jean Fouace, furent également peintres.
   Protégé par Marie de Lorraine, Pierre Quesnel fut présenté par elle à son époux, Jacques V d’Écosse, près de qui il s’établit à Holyrood. Il y épousa Madeleine Digby et leur premier enfant, François, naquit à Édimbourg en 1543 ou 1544. Pierre Quesnel fut de retour en France lors de la naissance de son second fils, Nicolas. En 1557 il donna le dessin d’une grande verrière pour l’église des Augustins à Paris, représentant l’Ascension du Christ avec les portraits de Henri II et de Catherine de Médicis agenouillés.
   Contrairement aux Dumonstier, peintres-courtisans accomplis, les Quesnel restèrent liés à la corporation des peintres de Paris dont ils étaient membres, sans que cela les prive des commandes de la cour, certes ponctuelles. François apparaît ainsi pour la première fois dans les comptes des Bâtiments du roi en 1571 pour « avoir faict huit portraictz tant pour les pièces que le roy veut donner à son entrée à Paris », puis dans ceux de 1572, lorsqu’il exécuta des modèles de pièces de monnaie. En 1573 « M
e Françoys Quesnel, paintre à Paris » reçut 8 l. 11 s. t. pour avoir dessiné, pour le duc et la duchesse de Lorraine, « plusieurs portraits d’habitz, selon la mode moderne, pour envoyer en Lorraine à Monsr de Beauveau, gouverneur de MS le marquis ».
   Marolles dit de lui : « Chéri du roi Henri III et de toute sa cour, et surtout du chancelier de Cheverny qui ne sut jamais le faire consentir à son agrandissement. Ses portraits sont souvent confondus avec ceux de Janet auquel il succéda. Il composait fort bien l’histoire et il exécuta en 1609, le premier plan de Paris, dédié au roi et gravé par Pierre Vallet en douze planches. Son désintéressement lui fit également mépriser l’acquisition et la perte des biens de fortune, et sa modestie refuser l’ordre de Saint-Michel sous Henri IV. Il joignit à une vertu vraiment chrétienne beaucoup d’expérience et de lecture. » Cependant, aucun document connu ne mentionne sa qualité de peintre et valet de chambre du roi, et, d'après les comptes, c'est Jean Decourt qui reprit la place vacante de François Clouet et non François Quesnel.
   Quesnel épousa Charlotte Richandeau, qui lui donna quatre enfants. Veuf, il se remaria, en 1584, avec Marguerite Le Masson, fille d’un greffier au grenier à sel de Château-Thierry dont il eut dix autres enfants, Nicolas et Augustin, peintres, et Jacques Quesnel, libraire (le fils de ce dernier, Pasquier fut le célèbre orateur janséniste).
   Décorateur, peintre de retables et dessinateur de cartons pour des tapisseries, Quesnel fut surtout portraitiste, à l’huile et au crayon. Dimier lui donna pas moins de 190 crayons, dont la plupart sont conservés au Cabinet des Estampes de la Bibliothèque nationale de France et à la Bibliothèque Boldéienne. Son fonds d’atelier a été dispersé à la vente Wickert en 1909. On a de lui deux œuvres signées, dont le portrait dessiné d’un enfant (coll. privée) et le portrait peint de Mary Anne Waltham, dame de la suite de Marie Stuart (daté de 1572, coll. Spencer, Althorp House, Northants). Certain de ses portraits furent gravés par Thomas de Leu et Michel Lasne.
   Comme Cosme Dumonstier, François Quesnel fut l’ami et le maître de César Nostredame, qui le loua fort dans deux lettres adressées à M. Hozier en 1617 et 1629 :
 
« Permettés que je vous supplie de présenter mes très humbles saluts à M. François Quesnel, et l’asseurer que s’il m’estime quelque chose je ne l’honore pas moins. L’honneur de sa fréquentation m’a faict partie honeste homme et vertueux, si tant est que je le sois. Je me suis ressovenu mille et mille assés de fois de luy et ay porté un désir impatient de scavoir de ses nouvelles, lesquelles m’ont d’autant plus réjouy que je le désirois continuellement. Dites luy qu’aagé de soixante quatre ans moins deux mois, je peins un petit mieux que jamais et fay des pourtraits et des Nostradames à l’huille dans des obales de la grandeur d’un sou sans lunetes, où la mère et le fils sont tout entiers, au moins la mère jusqu’aux genoux ; et jusques à la mort j’aimeray la peinture, comme une vocation noble et digne des seuls gentils hommes, et ceux qui m’y ont donné des exquis enseignemens ainsi que le sr Quesnel. »
   Nostredame resta éternellement reconnaissant à Dumonstier à Quesnel, « les rares pères de l’un et de l’autre ayant esté mes maistres et façonné mes crayons et mes pinceaux en quelque non vulgaire excellence » : « je me sens tout glorieux de leur souvenir et leur en redonne mille pour un ».
   Son portrait à la plume, réalisé par son frère Nicolas, est conservé au Cabinet des estampes. Il est annoté : « Francois Quesnel, escossais, aisné de Pierre et de Magd. Digby, 1600. »