Artistes Index nominum Antoine Caron    
 
Arabesque
Antoine CARON
(Beauvais, 1521 (?) – Paris, 1599)
atif de Beauvais, Antoine Caron débuta dans cette ville en travaillant pour les verriers. Il peignit grand nombre de peintures religieuses (on cite de lui une Cène et une Vie de Sainte-Geneviève qui ont disparu) et fit des cartons pour des vitraux, notamment pour Nicolas Le Prince.
   Il partit ensuite pour Fontainebleau, où il est mentionné depuis 1550. Il y travailla d’abord sous la direction de Primatice, entre autres à la décoration de la galerie d’Ulysse, pour 14 l. t. par mois seulement. En 1559, il fut chargé de « raffrechissement, tant au cabinet de la chambre du roy qu’en plusieurs lieux et endroits du dit chasteau » de nombreuses peintures, dont celles de la galerie de François I
er. Son chef d’atelier fut Niccolo dell’Abate : avec lui il décora de paysages le Cabinet des Curiosités. Dans un contrat du 7 juin de la même année, où il figure en tant que garant du peintre Martin Ligois qui doit décorer le château d’Yves d’Aleingre à Blainville, il est dit « painctre de Madame la duchesse de Valentinois ».
   En 1561 il peignit deux tableaux représentant les
Massacres du Triumvirat, dont Théodore de Bèze signale le succès à la cour. La même année le prévôt et les échevins de ville de Paris lui commandent les décorations pour l’entrée de Charles IX, finalement annulée. Lorsque l’entrée eut enfin lieu, en 1572, la réalisation des décors fut confiée à Niccolo dell’Abate et à son fils.
   En 1562, définitivement installé à Paris, Caron vendit à Pierre Vaqueyre trois maisons à Beauvais. Dans le contrat de vente il est dit « maistre painctre » et demeurant rue Saint-Martin, paroisse Saint-Nicolas-des-Champs. Le 19 octobre 1575, il fut élu juré peintre de la corporation de Paris. L’année d’après, il fut le parrain du fils de Jean Patin, puis, en 1582, celui du Antoine Réau – il habitait alors rue Saint-Antoine.
   En 1562, c’est à Caron que s’adresse l’apothicaire Nicolas Houel pour illustrer, peut-être avec Niccolo dell’Abate et son fils, son
Histoire de la reine Artémise (53 dessins dont quinze conservés au Louvre et trente-huit au Cabinet des estampes de la BnF). Dans un contrat entre Jean de Fourcy, intendant des bâtiments et de la manufacture des tapisseries du 1
er octobre 1607, et le peintre Laurent Guyot, Caron est déclaré être l’auteur des « petits dessins sur papier » pour la suite de l'Histoire de la reine Artémise que Guyot se chargeait d’agrandir. Il fit également des dessins pour l’Histoire françoyse de nostre temps de Houel et pour les tapisseries représentant les Fêtes des Valois.
En 1572, il reçut 250 l. t. (le 10 décembre 1571, « pour son paiement de plusieurs parties et besongnes qu’il a faicte de son estat pour le service et plaisir de sa Ma
 »), puis deux fois 125 l. t. (le 28 avril, « pour luy donner moins de suporter les fraiz et despenses qu’il a faictz estant allé dudict Paris à Blois y trouver sa Ma par son comandement et pour sondict service » et le 21 septembre), en tant que « maitre painctre et enlumyneur du roy », « me paintre demourant à Paris » et « peintre et dessaignateur dudict seigneur ». Il s’occupa des décorations pour le mariage de Marguerite de France et de Henri de Navarre, pour l’entrée à Paris du duc d’Anjou en 1573 (futur Henri III), et pour le mariage du duc de Joyeuse.
   Le 14 février 1568, âgé de 50 ans, il épousa, en l’église de Saint-Merry, Ambroise Bitouzet. En même temps, ses trois filles, nées avant le mariage, Suzanne, Marie et Perette, furent « mises sous le poële », c’est-à-dire légitimées. L’aînée, Suzanne, fut accordée au peintre et graveur Pierre Gourdelle, par contrat du 19 septembre 1580 passé « en l’hostel du dit Carron, sis au cymetière St Jehan ». Une autre fille, Marie, épousa, le 22 août 1583, Thomas de Leu, graveur de portraits d’origine flamande. Un des témoins fut Jean Rabel. Perette épousa probablement Léonard Gaultier, également graveur célèbre, mais le contrat n’a pas été retrouvé.
Dans les dernières années de sa vie, il travailla beaucoup, réalisant des esquisses pour les scènes de Passion du château de Villeroy, la Belle Cheminée de Fontainebleau ou les illustrations de la traduction des
Images ou Tableaux de platte peinture... des Philostratos de Blaise de Vigenère (Paris, 1614).
   Les
Massacres des Triumvirat qu’il peignit en 1566, restent l’unique peinture signée par Caron. La création des Chevaliers de l’Ordre du Saint-Esprit que Henri III lui commanda en 1581 et qui fut détruite par les ligueurs en 1588, est connue d’après une miniature, exécutée par Guillaume Richardière deux ans avant la disparition du tableau. En outre, de nombreux tableaux et dessins peuvent lui être attribués (Beauvais, Blois, Nantes, New Haven, Paris, Vienne, etc.), mais sans doute aucun portrait. Aucun visage dans ses représentations historiques ou autres œuvres – comme les portraits équestres des rois Charles IX et Henri III de Chantilly – n’est individualisé. Les effigies de Henri II et de Catherine de Médicis sur l’un des dessins de l’Histoire de la reine Artémise données par Ehrmann à Caron, sont vraisemblablement de François Clouet.
   Le portrait d’Antoine Caron est conservé au Cabinet des estampes. De la main probablement de François Quesnel, il est annoté : « Ant. Caron Pintre 1592 ». Ce même portrait fut gravé par Léonard Gaultier pour sa Chronologie collée et par Thomas de Leu, en 1599, entouré d’une inscription « ANTONIUS•CARON•BELLOVACUS•PICTOR•EXIMIUS• VIXIT•A.78. » et accompagné d'un quatrain :
    « Charon ne deust recepvoir pour voiture
    Nostre Caron, ains vivant le chérir
    Si l’air plus vif de sa docte peinture
    L’honneur françois empêche de mourir. »