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Marc DU VAL (DUVAL) dit Bertin
(Le Mans, faubourg Saint-Vincent - Paris, 13 septembre 1584)
a biographie de Marc Du Val, peintre et graveur, est connue grâce surtout à La Croix du Maine, son compatriote :
« Marc du Val, peintre du roy (surnommé Bertin, à cause de son beau-pere qui s’appelloit de ce nom). Il nasquit ès faubourgs de  S. Vincent, près la ville du Mans, & c’estoit l’un des plus excellents de nostre temps pour le crayon, & pour le burin ou graveure en  taille douce, & encores pour la peinture en huille. Il estoit surnommé le Sourd, de par son maistre le Roy Charles 9, d’autant qu’il avoit l’ouye  sourde. Il a fait imprimer plusieurs visages des Rois & Roines, Princes, Princesses & grands seigneurs de France, lesquelz il avoit luy-mesmes  gravez & faicts en taille douce, & se délibéroit (si la mort ne l’eust si tost surpris), de faire un juste volume des visages de tous les Rois & Roines  de France, & autres seigneurs de marque. Il mourut à Paris, le 13. iour de Septembre, l’an 1581, sur les unze heures du soir, qui estoit l’heure  qu’il avoit prédit. Sa femme s’appelloit Catherine le Jolly, sa demeure estoit à Paris, en la ruë de Grenelle, &c. Ce que je dy tout amplement pour  l’amour du pays, car il estoit du Maine, & feray tousjours cas de ses semblables. J’oubliois à dire qu’il se voit de sa façon plusieurs Grotesques &  autres peintures en taille douce, lesquelles ont esté imprimées. Il a laissé après sa mort une sienne fille nommée Élisabeth du Val, Parisienne, for  excellente pour le crayon, & encores pour autres choses requises à la pourtraicture. »
   Si cette source est précieuse et apparemment publiée trois ans seulement après la mort de l’artiste, son exclusivité pour nombre d’informations fait douter de leur véracité. En effet, Du Val n’apparaît pas dans le compte de 1572, le seul conservé pour le règne de Charles IX, et aucun document ne mentionne son prétendu office. De même, on ignore si Bertin Du Val, « paintre et ymagier » qui figure dans un document manceau de 1562 est Marc lui-même, désigné par son surnom, ou son père, comme le prétend une généalogie rédigée en 1760, qui qualifie abusivement Bertin de « peintre et sculpteur de François Ier » et Marc de « peintre d’Henri second ». Il est à noter que La Croix du Maine est muet sur la religion du Du Val, et c’est probablement une mauvaise lecture qui incita Dimier à le dire protestant.
   Dimier supposa également un séjour de Du Val en Italie, mais les deux sources qui semblent le mentionner s’avèrent contradictoires. En effet, à imaginer qu’il fut bien le « Maestro Marcho Francese » qui peignit en mai 1553 divers sujets au palais du cardinal Ricci à Rome (palazzo Sacchetti), il ne pouvait être le parisien du nom de « Marcus » qui « avait passé quelque temps à Rome chez don Julio [Clovio] » dont parle Van Mander : ce peintre de la reine mère et « bon miniaturiste » devint maître d’apprentissage de Spranger en 1565, lui fit « copier les crayons (crijons) » ets’avoua incapable d’enseigner « la composition et l’étude de la figure », mais seulement les « petites choses ».
   Les seuls documents fiables concernant Marc Du Val se rapportent à la fin des années 1570 et le montrent installé à Paris et au service des souverains navarrais. Ainsi, en 1575, un auteur anonyme appartenant sans doute à l’entourage de la reine Marguerite lui adressa une poésie intitulée « Le pourtraict de mon âme », qui loue ses talents de portraitiste :

Il y a bien longtemps, Du Val, que je te prie
De me tirer au vif le portraict de m’amie.
Sus donc, depesche-toy ; pein dedans ce tableau,
Soit avec le crayon, soit avec le pinceau :
Il ne me chaut comment, pourveu que tu me trace
Sur ce petit papier le visage et la grace
De celle qui me tu’ : là donc, depesche-toy.
Je t’en diray les traits, quoiqu’elle soit de moy
Absente, car je l’ai si fort en la pensée
Qu’il me semble que l’œuvre est jà bien avancée...
...Du Val, puisqu’ainsi est que tu as si bien faict
De mon Ame en craion l’honorable pourtraict,
Je te pri’, trace m’en un autre de Tiennette.

                              Le 19 juin 1577, Du Val – « maître paintre à Paris, bourgeois de Paris » – fut témoin au mariage du graveur Jean Rabel. Le 19 octobre de l’année suivante, qualifié de « painctre et varlet de chambre du Roy de Navarre », il donna à Paris quittance de 36 l. t. à Philippe Du Plessis-Mornay pour un « petit tableau de saditte Magesté qu’il m’a commandé » :
 
« Je, painctre et varlet de chambre du Roy de Navarre, ay receu de Monsieur Du Plessy, par les mains de Monsr Delaunay, la somme de  trente et six livres tz, pour le petit tableau de saditte Magesté qu’il m’a commandé ; de laquelle somme de trente et six livres tz je le tiens  quitte et moy satisfait. En foi de quoy ay signé la presente quiptance. Faict à Paris, ce XIXe d’octobre mille cinq cens soixante et dix-huict.
            Signé : M
ARC DUVAL. »
   En 1579, il gagna un procès contre Louis de Campagne, comte de La Suze, obligeant ce dernier à lui payer 215 l. t. « pour cause de marchandise de l’estat dud. demandeur », « veu la cedulle et promesse faicte et passée par led. deffendeur aud. demandeur, le 6e jour de novembre 1576 ». Dans ce document Du Val est dit « marchand peintre demeurant à Paris », qualité a priori compatible avec son titre de peintre du roi de Navarre, mais qui laisse croire que son office était honorifique et non ordinaire. Enfin, sa signature « M. Du Val ∙ F ∙ 1579 » figure sur le portrait des trois Coligny gravé d’après un dessin de 1569 environ, probablement de sa propre main, et sur ceux de Jeanne d’Albret et de Catherine de Médicis datés aussi de 1579 et appartenant sans doute à la série dont parle La Croix du Maine (« m dvval ∙ ff ∙ » ; BnF Est., AA 2).
   À partir de ces estampes, on lui attribue quelques autres portraits gravés, ainsi que, sans aucune justification, le Flûtiste borgne (daté de 1566, Louvre, inv. R.F. 1948-26) peint dans la tradition italienne, et les portraits de l’atelier Clouet (Jean Babou, Louvre ; Coligny et le duc de Nemours, Chantilly ; Sébastien de Luxembourg, Toulouse, Fondation Bemberg). Dimier donna en outre à Du Val l’esquisse préparatoire à la tête de Coligny, alors qu’Adhémar lui attribua un ensemble de treize crayons, classés par Dimier sous le nom de peintre de Luxembourg-Martigues et qui appartiennent en réalité à Clouet.